Chambre 17 - Kiyanel Mabryn et Shin Sagaya

88.

Shin ne répondit pas quand Kiyanel lui dit que les portes ouvraient à sept heures. Ils n'allaient pas tarder à pouvoir sortir, de toute façon. Mais tout de même, rien que le fait de savoir qu'il était enfermé dans cette pièce sans pouvoir en sortir lui donnait une étrange sensation de suffocation. Il aimait l'air, plus que tout, ne pas pouvoir sortir d'un lieu.... il n'aimait pas ça.

*Oui, bon, ça fait depuis que je suis levé que je dis la même chose, là.*

C'était vrai, il fallait qu'il arrête de ressasser ça. Kiyanel lui fournit une bonne occasion en lui demandant quand il voulait manger et Shin se redressa, un peu étonné. C'est vrai, il avait oublié, mais c'était grâce à Kiyanel qu'il pouvait manger. Il se sentait mal à l'aise de devoir compter sur lui à chaque repas.

- Ça ira, je n'ai pas très faim, mentit-il.

Généralement, il avait un peu de mal à manger le matin, mais aujourd'hui, peut-être les émotions de la veille ou quoi, il sentait qu'il aurait pu avaler un petit déjeuner presque sans se forcer. Mais tant qu'à faire, puisqu'il pouvait s'en priver, autant éviter d'embêter Kiyanel. Il ne voulait pas être une gêne pour lui, même si ça signifiait qu'il fallait se priver de repas.

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Kiyanel alla prendre sa douche et Shin entendit un petit bruit à la porte, et se dit qu'il devait sans doute être sept heures du matin et les portes venaient d'être déverrouillées. Il en ressentit un étrange soulagement.

Puis Kiyanel sortit de la salle de bain et alla prendre sa carte dans le tiroir de son bureau, avant d'insister pour savoir si Shin n'avait vraiment pas faim, et celui-ci secoua la tête.

- Non non, c'est bon. Ça va.

Après tout, il mangerait ce midi, et ça serait bien suffisant.

- Donc les portes sont déverrouillées, là, on peut sortir ? On peut aller où on veut ?

Si c'était possible, il aurait aimé faire une balade dehors, dans l'air du matin, mais peut-être que l'administration avait aussi une dent contre ça - auquel cas, ça aurait commencé à faire beaucoup.

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Kiyanel lui donna quelques explications sur le campus, comme par exemple sur le gymnase qui était inaccessible, mais ça n'étonnait pas Shin outre-mesure. Par contre, il fut surpris de ce que Kiyanel lui apprit sur l'infirmerie dont personne ne s'occupait. C'était une question qui lui était déjà venue en tête ce matin lorsqu'il s'était rendu compte que les portes étaient verrouillées: si quelqu'un se blessait, et qu'on ne pouvait pas ouvrir ni les portes, ni les fenêtres, comment faisait-il pour être soigné ? Mais là, en plus, Kiyanel abordait un autre problème.

- Pas d'infirmière ou de médecin ? Mais si un élève se blesse gravement, comment fait-on pour le soigner?

Non qu'il en aurait eu besoin, puisque grâce à ses pouvoirs d'ange, il serait parvenu à se soigner lui-même, si la blessure n'avait pas été trop importante, mais enfin, il lui semblait que c'était tout de même quelque chose dans laquelle l'administration devrait investir, plus que le reste... simple question de sécurité...

*Vraiment bizarre, ce campus...*

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Kiyanel soupira légèrement, montrant bien qu'il jugeait stupide ce problème concernant le campus, puis il répondit à la question de Shin :

- En cas de problème, il faut aller au bureau des surveillants.

Ils étaient formés pour soigner certains petits trucs classiques et pour faire les premiers secours, en attendant l'arrivée d'une ambulance si le cas était vraiment grave. Enfin, cela ne servait à rien de rester longtemps sur ce sujet, les élèves n'y pouvaient rien. A part bien sur éviter de se blesser en respectant les consignes et en ne faisant pas les idiots...

[dsl pas trop d'inspi ce soir, et je préférais faire court plutôt que d'attendre trop longtemps]

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C'était un peu débile, ce système, et Kiyanel semblait du même avis. Aller au bureau des surveillants ? Enfin, bon, il n'était pas là pour critiquer non plus, même si ça lui paraissait vraiment stupide.

- Ok, merci de l'info, répondit-il calmement.

On ne savait jamais après tout, ça pouvait servir. C'est dommage parce qu'il aimait bien l'ambiance de l'infirmerie dans des livres et des mangas à Yue qu'il avait lus, ou les élèves venaient se reposer et sécher les cours, ou papoter avec l'infirmière... Mais enfin, tant pis.

- Bon, bah je descends faire un tour, alors. A tout à l'heure.

Maintenant que les portes étaient déverrouillées, il n'allait pas se priver. Il sortit de la chambre avec la délicieuse sensation d'être libre, enfin.

[--> Hall du bâtiment]

103.

Shin remercia calmement Kiyanel avant d'ajouter qu'il allait faire un tour. L'ange déchu hocha la tête mais ne sortit pas. Finalement il n'avait pas vraiment envie d'aller manger, il préférait profiter de la solitude de sa chambre. Il attendit que son camarade de chambre sorte pour s'approcher de la fenêtre et l'ouvrir en grand. Elle avait également été déverrouillé grace à un système électronique.

Il défit ensuite son lit afin de laisser s'aérer les draps et alla à son bureau pour y prendre un chewing gum. Il en avait gagné un lot la veille, autant en prendre un. Ce n'était pas qu'il aimait particulièrement ça mais il ne détestait pas non plus. Il profita d'être à son bureau pour terminer de le ranger. Il n'était pas maniaque mais il préférait que ses affaires soient rangées correctement car c'était nettement plus facile de s'y retrouver comme ça. Quelques minutes passèrent. Cela faisait un petit quart d'heure que Shin était sorti. L'air de la chambre svait bien été renouvelé et la température ambiance avait un peu baissé. L'ange déchu se dirigea à nouveau vers son lit, qu'il refit calmement puis il alla s'accouder à la fenêtre une fois son lit terminé.

Accoudé à la rembarde de la fenêtre, il regarda le ciel, l'air mélancolique. Ce n'était pas tant le fait de vivre là-haut qui lui manquait, il avait passé le cap très rapidement après avoir été déchu. Il se remémorait des souvenirs de bon moments passés avec Miriel et Astériel et se demandait comment ses amis allaient. Surement bien, d'ailleurs, vu qu'ils n'avaient aucun souvenir de ce qui s'était passé quelques années auparavent. Un léger soupire franchit les lèvres de l'ange déchu, mais ce n'était pas un soupire exaspéré. C'était plutôt un soupire mélancolique voire même triste. Son coeur était serré.

Puis il secoua la tête pour se remettre les idées en place et continua de fixer le ciel vers l'horizon presque droit devant lui, là où l'étendue de bleu touchait le toit du campus.